Un putain de blog de putain de réflexion existentialiste sur la vie, la mort, et les trucs qu'il y a entre les deux, comme ta mère ou la révolution prolétarienne.

dimanche 3 avril 2016

Respecte ma liberté stp ! Non. Nique ta mère.




Préancule du 26 mai : En raison de l'évolution du mouvement, vous pouvez remplacer blocage de fac par blocage tout court ça marche pareil.

En ce moment c'est la mobilisation. Loi travail tout ça. En admettant que le mouvement survive aux vacances scolaires, il y a quelque chose qu'il va falloir mettre au point :

On s'en branle de l'avis des non-participants au mouvement.

Beaucoup d'étudiants se sentent agressés quand leur fac est bloquée, ils appellent au « respect de la liberté de tous », y compris donc celle d'« étudier », de « travailler ». Ils se plaignent que le blocage n'est pas démocratique, qu'on brime leur liberté, qu'on dégrade leur fac... Tout en rappelant que bien sûr, on a le « droit de manifester », mais qu'il ne faut pas atteindre la liberté des autres quand même.

Mais quelle est donc cette liberté au nom de laquelle ces gens s'expriment ? Sous de grands airs illuminés, c'est la liberté à être indifférent qu'ils défendent. Ils veulent pouvoir être immobile, et vivre leur quotidien comme d'habitude. Ils réclament la liberté des esclaves. Et celle des esclavagistes. Pour que rien ne change.

C'est ça qui est secoué quand une fac est bloquée. Et c'est hallucinant de voir les réactions. Ça s'excite, c'est la foire de l'empoigne (enfin sur facebook hein parce que ces gens-là on les voit jamais en vrai), pire qu'un pétard dans un ministère.

On voit donc des gens dont on ignorait l'existence se réveiller d'un coup et s'insurger, non pas contre un état d'urgence qui les prive de leurs libertés ; non pas contre des lois qui les livrent pieds, poings liés et pantalon baissé aux patrons et aux banques ; non pas contre des populations massacrées par leurs soldats ailleurs dans le monde ; mais bien contre leurs camarades qui bloquent leur fac et taguent les murs. Pendant une journée.

Il faudrait peut-être que ces gens commencent à prendre conscience du ridicule de leur comportement. Car quand on veut ne rien faire et laisser d'autres lutter pour tout le monde, on a au moins la dignité de fermer son claque-merde. C'est grotesque. Vous êtes grotesques. Quitte à être des collabos, lancez nous des pierres. Comme ça vous ferez peut-être un truc un tant soit peu politique dans votre vie, plutôt que de gesticuler derrière votre écran. L'indécision et la passivité ne méritent aucun respect, et surtout pas de la part de ceux qui luttent.

Demander aux bloqueurs, aux manifestants de « respecter la liberté de tous », de « ne pas dégrader », c'est leur demander de protester, mais en silence. C'est refuser le sérieux de leur cause. Il faudrait quand même pas être dérangé par la lutte sociale. Étudier, ça c'est un truc sérieux. On veut un avenir quand même. Même en bossant 70h par semaine à la caisse de Franprix. Parce que faut pas vous voiler la face les mecs en fac d'Histoire, c'est là que vous finirez. Et encore, si vous avez de la chance.

Ces mouvements, manifs, blocages sont le fait de personnes qui sacrifient une part de leur avenir personnel pour se consacrer à cette cause. Elle en est d'autant plus sérieuse. La moindre des choses est de les respecter, plutôt que de les regarder avec dédain du haut de votre salle de cours. Beaucoup plus d'enjeux tiennent dans un mouvement social que dans votre emploi du temps. Donc encore une fois ayez la dignité de pas geindre comme des débiles quand votre quotidien se retrouve aussi légèrement impacté.

Si « chacun est libre de penser ce qu'il veut », les personnes mobilisées n'ont aucunement pour rôle de respecter chaque avis, ni de faire plaisir à tout le monde. Si il faut attendre l'assentiment et la bénédiction des victimes égocentriques pour agir, la contestation peut tout de suite aller se recoucher. Si les anti-mobilisations peuvent penser qu'on manque de considération pour leur avis, c'est aussi que c'est le cas. On a aucun compte à leur rendre. Les gens qui ne comptent pas agir n'ont rien à foutre dans les processus de décision, et ils n'ont aucune leçon à donner sur la manière dont se fait la mobilisation.

Parce que s'exprimer avec prétention en utilisant les termes de "liberté", de "respect", de "valeurs" du haut de son petit bagage d'étudiant soi-disant cultivé c'est misérable. Personne ne devrait avoir le droit de poursuivre son quotidien égoïste quand des événements importants se produisent, et que des gens luttent pour les causes les plus légitimes qui soient, dans l'indifférence de ceux qui prétendent agir selon des valeurs.

Bon, après on vous en veut pas trop. Ptet que vous êtes aliénés. Ptet que vous croyez que votre idéal de vie c'est d'se lever le matin pour aller en cours, petit shopping à midi, retour à la maison devant TPMP, sortie au bar, et finalement claquer 70 balles à Gastropolis pour réussir à vous taper un/une mec/meuf sans joie et sans amour sous MDMA. C'est respectable. Mais ayez au moins la décence de respecter les gens qui se battent pour faire en sorte que papa-maman gardent leur CDI et leurs heures sup' rémunérées et continuent à payer votre murge hebdomadaire et votre dernier iPhone (même si au fond vous savez pas trop pourquoi vous en avez besoin).

Effectivement, aujourd'hui on a le droit d'être indifférent. On a le droit de ne pas se préoccuper des conditions de son existence. Certes. Mais si "la politique" ne vous intéresse pas, si vous "ne suivez pas trop", ayez au moins le mérite de fermer vos gueules.

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