Préancule du 26 mai : En raison de l'évolution du mouvement, vous pouvez remplacer blocage de fac par blocage tout court ça marche pareil.
En ce moment c'est la mobilisation. Loi
travail tout ça. En admettant que le mouvement survive aux vacances
scolaires, il y a quelque chose qu'il va falloir mettre au point :
On s'en branle de l'avis des
non-participants au mouvement.
Beaucoup
d'étudiants se sentent agressés quand leur fac est bloquée, ils
appellent au « respect de la liberté de tous », y
compris donc celle d'« étudier », de « travailler ».
Ils se plaignent que le blocage n'est pas démocratique, qu'on brime
leur liberté, qu'on dégrade leur fac... Tout en rappelant que bien
sûr, on a le « droit de manifester », mais qu'il ne faut
pas atteindre la liberté des autres quand même.
Mais quelle est
donc cette liberté au nom de laquelle ces gens s'expriment ? Sous de
grands airs illuminés, c'est la liberté à être indifférent
qu'ils défendent. Ils veulent pouvoir être immobile, et vivre leur
quotidien comme d'habitude. Ils réclament la liberté des esclaves. Et celle des
esclavagistes. Pour que rien ne change.
C'est ça qui est
secoué quand une fac est bloquée. Et c'est hallucinant de voir les
réactions. Ça s'excite, c'est la foire de l'empoigne (enfin sur
facebook hein parce que ces gens-là on les voit jamais en vrai),
pire qu'un pétard dans un ministère.
On voit donc des
gens dont on ignorait l'existence se réveiller d'un coup et
s'insurger, non pas contre un état d'urgence qui les prive de leurs
libertés ; non pas contre des lois qui les livrent pieds,
poings liés et pantalon baissé aux patrons et aux banques ;
non pas contre des populations massacrées par leurs soldats ailleurs
dans le monde ; mais bien contre leurs camarades qui bloquent leur
fac et taguent les murs. Pendant une journée.
Il
faudrait peut-être que ces gens commencent à prendre conscience du
ridicule de leur comportement. Car quand on veut ne rien faire et
laisser d'autres lutter pour tout le monde, on a au moins la dignité
de fermer son claque-merde. C'est grotesque. Vous êtes grotesques.
Quitte à être des collabos, lancez nous des pierres. Comme ça vous ferez peut-être un truc un tant soit peu politique dans votre vie, plutôt que de gesticuler derrière votre écran. L'indécision et la passivité ne méritent aucun respect, et surtout
pas de la part de ceux qui luttent.
Demander aux
bloqueurs, aux manifestants de « respecter la liberté de
tous », de « ne pas dégrader », c'est leur
demander de protester, mais en silence. C'est refuser le sérieux de
leur cause. Il faudrait quand même pas être dérangé par la lutte
sociale. Étudier, ça c'est un truc sérieux. On veut un avenir
quand même. Même en bossant 70h par semaine à la caisse de
Franprix. Parce que faut pas vous voiler la face les mecs en fac
d'Histoire, c'est là que vous finirez. Et encore, si vous avez de la
chance.
Ces mouvements,
manifs, blocages sont le fait de personnes qui sacrifient une part de
leur avenir personnel pour se consacrer à cette cause. Elle en est
d'autant plus sérieuse. La moindre des choses est de les respecter,
plutôt que de les regarder avec dédain du haut de votre salle de
cours. Beaucoup plus d'enjeux tiennent dans un mouvement social que
dans votre emploi du temps. Donc encore une fois ayez la dignité de
pas geindre comme des débiles quand votre quotidien se retrouve
aussi légèrement impacté.
Si
« chacun est libre de penser ce qu'il veut », les
personnes mobilisées n'ont aucunement pour rôle de respecter chaque
avis, ni de faire plaisir à tout le monde. Si il faut
attendre l'assentiment et la bénédiction des victimes égocentriques pour agir, la contestation peut tout de
suite aller se recoucher. Si les anti-mobilisations peuvent penser
qu'on manque de considération pour leur avis, c'est aussi que c'est
le cas. On a aucun compte à leur rendre. Les gens qui ne comptent
pas agir n'ont rien à foutre dans les processus de décision, et ils n'ont aucune
leçon à donner sur la manière dont se fait la mobilisation.
Parce que s'exprimer avec prétention en utilisant les termes de "liberté", de "respect", de "valeurs" du haut de son petit bagage d'étudiant soi-disant cultivé c'est misérable. Personne ne devrait avoir le droit de poursuivre son quotidien égoïste quand des événements importants se produisent, et que des gens luttent pour les causes les plus légitimes qui soient, dans l'indifférence de ceux qui prétendent agir selon des valeurs.
Bon, après on
vous en veut pas trop. Ptet que vous êtes aliénés. Ptet que vous
croyez que votre idéal de vie c'est d'se lever le matin pour aller
en cours, petit shopping à midi, retour à la maison devant TPMP,
sortie au bar, et finalement claquer 70 balles à Gastropolis pour
réussir à vous taper un/une mec/meuf sans joie et sans amour sous MDMA. C'est
respectable. Mais ayez au moins la décence de respecter les gens qui
se battent pour faire en sorte que papa-maman gardent leur CDI et
leurs heures sup' rémunérées et continuent à payer votre murge
hebdomadaire et votre dernier iPhone (même si au fond vous savez pas
trop pourquoi vous en avez besoin).
Effectivement, aujourd'hui on a le droit d'être indifférent. On a le droit de ne pas se préoccuper des conditions de son existence. Certes. Mais si "la politique" ne vous intéresse pas, si vous "ne suivez pas trop", ayez au moins le
mérite de fermer vos gueules.
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